Anorexie - Boulimie - Obésité

Les troubles du Comportement Alimentaire

Les troubles du comportement Alimentaire, l'anorexie mentale, la boulimie, l'obésité et d'autres formes moins sévères, représentent un problème majeur de santé publique, surtout à l'adolescence et/ou chez les jeunes adultes.

Parmi ces troubles, l'anorexie mentale tient une place et une gravité particulières. C'est un processus dont les implications biologiques, familiales, sociales et culturelles sont ici traitées dans leur rapport avec le fonctionnement psychique.

Plus le trouble est pris en charge tôt, meilleures sont les chances de guérison.

Les troubles de l’alimentation, aussi appelés troubles du comportement alimentaire. Le comportement est considéré comme « anormal » parce qu’il est trop différent des pratiques alimentaires habituelles, mais surtout parce qu’il a des répercussions négatives, parfois très graves (jusqu’au décès), sur la santé physique et mentale. Les TCA touchent beaucoup plus de femmes que d’hommes, et débutent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Les troubles de l’alimentation les plus connus sont l’anorexie et la boulimie, mais il en existe bien d’autres :

1-Aux USA, Le DSM V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) distingue :

  • L’anorexie (de type restrictif ou associée à une hyperphagie) ;
  • La boulimie ;
  • L’alimentation sélective ;
  • Le pica (ingestion de substances non comestibles)
  • Le mérycisme (phénomène de « rumination », c’est-à-dire de régurgitions et de remastications) ;
  • D’autres TCA spécifiés ou non.

2-En Europe, la CIM-10, classification faite en fonction des symptômes comportementaux :

  • Anorexie mentale et anorexie mentale atypique ;
  • Boulimie et boulimie atypique ;
  • Hyperphagie
  • Vomissements associés à d’autres perturbations psychologiques ;
  • Autres troubles de l’alimentation.

 

SELON LE DSM V :

L’ANOREXIE NERVEUSE

(de type restrictif ou associée à une hyperphagie)
L’anorexie est le 1 er TCA à avoir été décrit et reconnu. Elles se caractérise par une peur intense d’être ou de devenir gros(se), et donc une forte volonté de perdre du poids, une restriction alimentaire excessive (pouvant aller jusqu’au refus de s’alimenter), et une déformation de l’image corporelle. Ce trouble touche principalement des femmes (90%) et apparait généralement pendant l’adolescence. Cette pathologie affecte 0,3% à 1% des jeunes femmes. Les symptômes caractéristiques de l’anorexie sont : 

  • Restriction volontaire des apports alimentaires et énergétiques (voir refus de s’alimenter) entrainant une perte de poids excessive. Il en résulte un indice de masse corporelle trop bas par rapport à l’âge et au sexe.
  • Peur intense de prendre du poids ou de devenir obèse, même en cas de maigreur.
  • Distorsion de l’image corporelle (se voir gros ou grosse alors qu’on ne l’est pas), déni du poids réel et de la gravité de la situation.

Dans certains cas, l’anorexie est associée à des épisodes d’hyperphagie (Binge-eating) c’est-à-dire ingestion disproportionnée d’aliments. Le patient se « purge » ensuite pour éliminer l’excès de calories ingérées, en vomissant ou en utilisant des laxatifs ou des diurétiques.

LES CONSEQUENCES de cette privation, de cette malnutrition sont multiples :

  • Une aménorrhée,
  • Des troubles digestifs,
  • Une léthargie,
  • Une fatigue ou une frilosité,
  • Des arythmies cardiaques,
  • Des déficits cognitifs,
  • Un dysfonctionnement rénal.

En l’absence de traitement, l’anorexie peut conduire au décès.


LA BOULIMIE NERVEUSE

La boulimie est un TCA caractérisé par une consommation excessive et compulsive de nourriture (hyperphagie) associée à des comportements de purge (tentative d’éliminer la nourriture ingurgitée, le plus souvent par des vomissements provoqués).
La boulimie affecte principalement les femmes (environ 90% des cas). On estime que 1% à 3% des femmes souffrent de boulimie au cours de leur vie (il peut s’agir d’épisodes isolés).

La boulimie se caractérise par :

  • Des épisodes récurrents d’hyperphagie (ingurgitation de quantités importantes de nourriture en moins de 2H, avec un sentiment de perte de contrôle),
  • Des épisodes récurrents de comportements compensatoires, destinés à éviter la prise de poids. C’est la purge.
  • Ces épisodes surviennent au moins 1 fois / semaine pendant 3 mois.

La plupart du temps, les personnes boulimiques ont un poids normal et cachent leurs « crises », ce qui rend le diagnostic difficile.

L’HYPERPHAGIE BOULIMIQUE

L’hyperphagie boulimique ou « compulsionnelle » ressemble à la boulimie (absorption disproportionnée de nourriture et sentiment de perte de contrôle), mais elle n’est pas accompagnée de comportements compensatoires, comme les vomissements, la prise de laxatifs...

L’hyperphagie est souvent associée à plusieurs facteurs :

  • Manger trop vite ;
  • Manger jusqu’à se sentir « trop plein » ;
  • Manger de grande quantité de nourriture même lorsqu’on n’a pas faim ;
  • Manger seul en raison d’un sentiment de honte lié à la quantité de nourriture ingurgitée ;
  • Sentiment de dégout, de dépression ou de culpabilité après l’épisode d’hyperphagie.

L’hyperphagie est associée à une obésité dans la grande majorité des cas. La sensation de satiété est altérée, voire inexistante.
L’hyperphagie (Binge-Eating disorders) constitue le TCA le plus fréquent.


L’ALIMENTATION SELECTIVE

Nouvelle catégorie du DSM-V, elle regroupe les troubles d’alimentation sélective et/ou d’évitement, qui concerne plus spécifiquement les enfants et les adolescents, mais peut persister à l’âge adulte.

Ces troubles se caractérisent notamment par une sélection/éviction forte d’aliments : l’enfant ou l’adolescent ne mange que certains aliments, en refuse énormément (en raison de leur texture, de leur couleur ou de leur odeur ...) Cette sélection entraine des répercussions négatives : amaigrissement, malnutrition, carences... jusqu’à des perturbations du développement et de la croissance. Ces troubles ne sont pas associés à une volonté de perte de poids et de problématique d’image du corps.

En outre, le dégout, ou l’aversion pathologique pour la nourriture, après un épisode d’étouffement par exemple, peut survenir à tout âge, et serait classé dans cette catégorie.

PICA (INGESTION DE SUBSTANCES NON COMESTIBLES)
Trouble caractérisé par l’ingestion compulsive (ou récurrente) de substances non nutritives, comme de la terre, des cailloux, du savon, de la craie, du papier... Tous les bébés passent par une phase normale de « PICA » lorsqu’ils portent tout ce qu’ils trouvent à la bouche. On parle de pathologie lorsque le PICA persiste ou ressurgit chez des enfants de plus de 2 ans. On retrouve ce trouble le plus souvent, chez des enfants atteints d’autisme ou de déficit intellectuel, et survenir chez des enfants en situation d’extrême pauvreté, qui souffrent de malnutrition ou dont la stimulation affective est insuffisante.

LE MERYCISME (PHENOMENE DE « RUMINATION », DE REGURGITATIONS ET DE REMASTICATION)
Trouble du comportement alimentaire rare qui se traduit par la régurgitation et la « rumination » (mâchage) de nourriture précédemment ingérée. Il ne s’agit pas de vomissements ni de reflux gastro-œsophagien mais bien d’une régurgitation volontaire d’aliments partiellement digérés. La régurgitation se fait sans effort, sans crampes gastriques, contrairement aux vomissements. Ce syndrome survient surtout chez des nourrissons, des jeunes enfants, et parfois chez des personnes souffrant de déficit intellectuel.

AUTRES TROUBLES
Il y a bien d’autres troubles du comportement alimentaire, même s’ils ne remplissent pas clairement les critères diagnostiques explicités ci-dessus.
Dès qu’un comportement alimentaire génère une détresse psychologique ou des problèmes physiologiques, il doit faire l’objet d’une consultation et d’une prise en charge.

Par exemple, une obsession pour certains types aliments (l’orthorexie : obsession pour les aliments « santé », sans anorexie), ou comportements atypique comme l’hyperphagie nocturne, entre autres

LES FACTEURS DE RISQUES DES TCA

Les troubles du comportement alimentaire sont des maladies complexes et multifactorielles, dont les origines sont à la fois biologiques, psychologiques, sociales et environnementales.
Ainsi, de plus en plus d’études montrent que des facteurs génétiques et neurobiologiques jouent un rôle dans l’apparition des TCA. Les niveaux de sérotonine (neurotransmetteur qui régule non seulement l’humeur, mais aussi l’appétit, pourraient être altérés chez des patients souffrant de TCA.

Plusieurs facteurs psychologiques peuvent aussi entrer en jeu. Certains traits de personnalité comme le perfectionnisme, besoin de contrôle ou d’attention, la faible estime de soi, la dépression, sont fréquemment retrouvés chez les personnes souffrant de TCA. De même, des traumatismes ou des évènements difficiles à vivre peuvent déclencher le trouble ou l’aggraver. Enfin, beaucoup dénoncent l’influence de la culture occidentale qui fait l’apologie des corps sveltes, voire maigres, sur les jeunes filles, qui risquent de faire une obsession sur leur alimentation, leur corps, leur poids.

Par ailleurs, les TCA sont fréquemment associés à d’autres troubles de santé mentale, comme la dépression, l’anxiété, les troubles obsessionnels compulsifs, l’abus de substances (drogues, alcool...) ou encore des troubles de la personnalité. Les personnes atteintes de TCA ont une capacité à réguler leurs émotions altérée. Le comportement alimentaire déviant est souvent un moyen de « gérer » des émotions, comme le stress, l’anxiété, la pression professionnelle...

Le comportement procure en retour un sentiment de confort, de soulagement, même s’il est parfois associé à une forte culpabilité (surtout en cas d’hyperphagie).

LA PREVENTION DES TROUBLES DE L’ALIMENTATION

Il n’y a pas d’intervention miracle permettant de prévenir l’apparition d’un TCA. importance. Plusieurs facteurs peuvent aider les adolescents à être mieux dans leur peau et ainsi éviter les complexes. - Encourager, dès l’enfance, une alimentation saine et diversifiée ;

  • Eviter de transmettre à l’enfant une préoccupation quant à son poids, et éviter de montrer l’exemple des régimes stricts;
  • Faire des repas un moment convivial et familial ;
  • Superviser la navigation sur internet ;
  • Favoriser l’estime de soi, renforcer l’image positive du corps, complimenter l’enfant...
  • Consulter un médecin au moindre doute sur un comportement alimentaire anormal de l’enfant.

TRAITEMENT MEDICAMENTEUX

Les TCA doivent être pris au sérieux et traités le plus rapidement possible, car ils sont associés à une détresse psychologique importante. Les tentatives de suicide ne sont pas rares chez les personnes souffrant de TCA.
L’anorexie est le trouble associé au plus fort taux de mortalité, environ 10% des personnes anorexiques décèdent dans les 10 ans suivant le diagnostic.

PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE

Les interventions psychologiques peuvent être individuelles, familiales ou de groupe. Elles ciblent un comportement anormal face au comportement alimentaire. Chez les jeunes, l’implication familiale est souvent nécessaire, voir indispensable.
Attention, le traitement est souvent émaillé de rechute.
Les TCA ont des points communs avec les comportements addictifs, comme chez les alcooliques par exemple. Mais il est possible de s’en sortir, de guérir, si le diagnostic et la prise en charge sont faits le plus rapidement possible.
Les objectifs du traitement diffèrent selon le TCA. En cas d’anorexie mentale, l’urgence est de retrouver un poids normal et de le stabiliser. En tous les cas, le traitement, à long terme, vise à normaliser le comportement alimentaire.

  • LES TCC (Thérapies cognitives et comportementales), ont montré leur efficacité dans la plupart des troubles des comportements alimentaires. Elles visent à instaurer de nouvelles habitudes alimentaires et à modifier les croyances à propos du poids et de la nourriture.
    Les TCC permettent progressivement l’abandon des craintes individuelles et à instaurer un comportement alimentaire centré sur les sensations physiologiques tel que les sensations de faim, rassasiement et de satiété.
  • La Psychothérapie individuelle, est un long travail sur soi-même, dont le but est de mieux comprendre les causes de cette maladie, et donc de modifier en profondeur les croyances alimentaires.
  • Les thérapies de groupe, les groupes d’entraide, permettent de se sentir compris et soutenu par les autres TCA et de se motiver pour poursuivre les traitements dans la durée.
  • La thérapie familiale est très importante lorsque le TCA touche un enfant ou un adolescent parce que ce trouble a des répercussions sur toute la famille. L’objectif est de mobiliser toute la famille pour optimiser les chances de guérisons.
  • La thérapie de groupe encadrée par un thérapeute est bénéfique lorsque le TCA n’est pas trop sévère, en complément bien sur d’une thérapie personnelle. Cette thérapie permet de se sentir soutenu, compris et motivé tout au long du chemin vers la guérison.
  • Autres thérapies tel que l’art-thérapie, la musicothérapie, associées à une thérapie personnelle, participent à la motivation et augmentent l’adhésion au traitement.
  • L’hospitalisation devient nécessaire dans les cas d’anorexie ou de boulimie en état de malnutrition sévère. L’hospitalisation doit nécessairement se faire dans un établissement ou service spécialisé dans la prise ne charge de TCA.

 


ASSOCIATION A CONTACTER EN CAS DE BESOIN

  • AFDAS TCA
  • FFAB : Association Française Anorexie Boulimie